Article : A la rencontre de la notion de handicap : Handicap visible et handicap invisible

A la rencontre de la notion de handicap : Handicap visible et handicap invisible

Photo : Lucas DOLLINGER
Lucas DOLLINGER | Psychologue
05/12/2022 | Temps estimé de lecture : 2 mins | 215 vues | 11 J'aimes

Bonjour à toutes et tous, 

En soit, il est plutôt facile d'appréhender le handicap visible : un fauteuil roulant, un membre en moins, une démarche ou un faciès atypiques et le handicap est manifeste. C'est tellement vrai qu'il est d'usage de représenter le handicap comme une personne en fauteuil roulant comme dans la signalétique. 

Cette visibilité du handicap provoque a minima deux types de réactions dont ces personnes témoignent souvent : une fuite du regard pour certains, peu à l'aise, ou un regard empathique. Il est vrai que porter le regard sur une personne qui présente un handicap suscite un effet miroir à sa propre condition "et si moi j'étais handicapé ?"; c'est une perspective qui peut être vertigineuse. Par contre, si certains adultes détournent le regard comme une sorte de protection, il est intéressant de constater, que très souvent les enfants intègrent plus facilement une personne en situation de handicap dans leur cercle social. A l'inverse, le regard empathique peut être mal reçu par la personne en situation de handicap, il s'en dégage une compassion qui peut donner le sentiment d'être réduit à son handicap, ce qui serait préjudiciable pour elle. 

Maintenant, passons au sujet du handicap invisible. Il s'agit de toutes les situations où les atteintes ne sont pas manifestes : AVC, pathologies cardiaques, démence, déficience intellectuelle, TSA (troubles du spectre autistique)… Les conséquences de ce type d'handicap se manifestent lors d'interactions avec l'environnement, par exemple en rendant la monnaie, ou en effectuant une activité sportive. Dans ces cas-là, il n'est pas rare d'observer que la personne elle-même use de stratégies pour ne pas rendre visible le handicap : ne pas récupérer la monnaie, éviter d'aller à des évènement sportifs, prétendre une fatigue importante, mettre le son plus fort, grossir les textes numériques, etc. Dans la plupart des cas, cela fonctionne et le handicap demeure inaperçu. Mais il y a aussi les situations où le handicap s'exprime : une situation de frustration pour une personne autiste, une personne qui ne pourra pas nous entendre dans un lieu bruyant, une personne qui ne pourra pas monter un escalier, etc. Dans ces moments-là, il n'est pas rare d'observer un double mouvement qui me semble important à mentionner dans cet article : d'une part, les personnes témoins qui parfois interprètent  la difficulté comme propre à la personne : "il fait la sourde oreille", "il ne fait pas d'efforts", "ce gamin est mal élevé", "il comprend vite mais il faut lui expliquer longtemps", etc. Il est rare, à moins d'y avoir été confronté, que ces personnes puissent imaginer que cela relève d'un handicap ou de ses conséquences. D'autre part, de la part de la personne en situation de handicap elle-même : lorsque le handicap devient visible connu, une forme de réductionnisme se met en place. La personne est alors stigmatisée à son handicap, passant ainsi d'un être humain complexe avec un handicap à un être handicapé, elle EST le handicap (dément, autiste, sourd,...) plutôt qu'elle A un handicap. Il y a dans ce constat très probablement une partie de la réponse à l'impérieuse nécessité de cacher le handicap, de l'invisibiliser. 

Je m'arrête ici pour cet article et vous remercie pour votre lecture. Le prochain article portera sur une autre distinction, entre la situation de handicap acquise et celle innée, ainsi que la notion de sur-handicap. 

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