Article : Avril : mois de la visibilité de l'autisme - 3/4

Avril : mois de la visibilité de l'autisme - 3/4

Photo : Lucas DOLLINGER
Lucas DOLLINGER | Psychologue
10/04/2023 | Temps estimé de lecture : 2 mins | 331 vues | 3 J'aimes

De manière globale, la pensée autistique est une pensée de type binaire : une porte est ouverte ou ne l'est pas, cet aliment est apprécié ou ne l'est pas, si un rendez-vous est à 14h00, il est à 14h00, pas à 13h50, ni à 14h10. Les exemples sont volontairement caricaturaux, mais si vous avez dans votre quotidien des personnes de fonctionnement autistique, vous avez peut être remarqué la difficulté qu'ils ont à gérer l'imprévisibilité d'un retard, le leur ou celui de la personne en face, y compris les rendez-vous médicaux. Ils peuvent s'agiter, se mettre à triturer leurs doigts, leurs mains, tourner en rond, marmonner en boucle les mêmes phrases par exemple. Imprévisibilité et rigidité sont les deux extrémités opposés de la composante d'anxiété de la personne autiste. Les neurotypiques peuvent plus ou moins s'acclimater d'une certaine prévisibilité ou d'une imprévisibilité, retard de train, changement de programme, organisation de séjour de vacances, nombre de convives fluctuant, etc. ; cela peut engendrer également de l'anxiété mais telle qu'elle peut être généralement autorégulée. 

Dans un fonctionnement autistique, si les stimulations du quotidien sont multiples comme pour tous, la pensée est souvent en arborescence et plus dynamique. Autrement dit, ça cogite en continue, de fait c'est comme être en continu au bord de la saturation psychique. La marge de manœuvre est très fine et l'imprévisibilité vient faire déborder cela par les multiples questions qu'il faut traiter pour la réguler. Se limiter à certains sujet, de manière qu'on dirait "obsédante", organiser un emploi du temps structuré… limite cette surcharge mentale puisqu'elles excluent ces multiples questions. Ainsi, dans le fonctionnement autistique, la rigidité est un mode de régulation contre l'anxiété et l'épuisement psychique. 

Pour accompagner un fonctionnement autistique, il peut être intéressant de mettre en place des outils visuels tels que des agendas, des emplois du temps, des séquentiels… qui évitent une surcharge mentale et permettent aux accompagnants d'éviter la répétition des mêmes informations.

A contrario, si une certaine rigidité est souhaitable pour apaiser, soulager et prévenir l'anxiété dans le fonctionnement autistique, une trop grande rigidité pourrait être délétère car enfermante dans un ensemble de ritualisations par exemple. Or le quotidien introduit naturellement de l'imprévisibilité. La rencontre entre un fonctionnement très/trop rigide et l'imprévu peut être d'une angoisse débordante. Dans ces cas-là, il est souhaitable d'introduire des périodes d'imprévus balisées, par exemple 20 minutes dans la journée où rien n'est programmé/ritualisé. Une autre manière d'introduire de l'imprévisible est, par exemple, d'effectuer un trajet vers un magasin et d'en changer en cours de route, une fois ou bien de changer l'objectif (ne pas acheter un paquet de bonbon comme annoncé mais une boisson sucrée par exemple). C'est en fonction du seuil de tolérance à l'imprévu de la personne que l'exercice va pouvoir s'adapter.

Ainsi, accompagner le fonctionnement autistique demande à être attentif à la manière dont la personne va évoluer dans son environnement et la manière dont ce dernier peut lui-même évoluer.  

J'espère, au travers cette article de vulgarisation avoir pu vous sensibiliser un peu plus sur ce point.

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