Une première stratégie qu'on peut citer c'est l'évitement, fuir le contexte ou la source du stimuli. C'est ce que nous faisons tous lorsque nous vivons quelque chose de désagréable. Par exemple, si un environnement est trop bruyant, nous pouvons nous en éloigner.
Une deuxième stratégie sera l'adaptation à l'environnement. Il existe des situations où il n'est pas possible de "fuir", par exemple si vous travaillez dans un open space ou bien sur des chantiers de construction. Dans ces cas-là, vous allez pouvoir mettre un casque ou des bouchons d'oreille pour limiter les bruits. Dans le cas du fonctionnement autistique, on peut parfois proposer à la personne des sas "d'isolement sensoriel" pour lui permettre de se réguler. Je pense notamment aux enfants autistes en milieu scolaire ordinaire pour lesquels le format scolaire traditionnel n'est pas du tout adapté. Il me parait important de préciser sur ce point l'attention à porter sur la potentielle "stigmatisation" de l'enfant ; en effet, isoler un enfant sur un temps scolaire peut être perçu comme une punition, c'est pourquoi, une grande pédagogie est nécessaire vers les personnes de l'entourage, adultes et enfants. Il en est de même pour le port d'un casque anti-bruit qui peut générer des regards voir des moqueries. C'est pourquoi cette stratégie, bien qu'intéressante n'est pas toujours souhaitable ou souhaitée.
Une troisième est ce que je nommerai le "contre-stimuli". Si je reste sur l'exemple de l'environnement bruyant, une personne lambda va naturellement parler plus fort, mettre le son plus fort de sa télé, de son ordinateur, ou de sa console de jeux…. Cela revient à produire une réponse au stimuli "agresseur". C'est pour cela aussi que dans le fonctionnement autistique, on peut observer des personnes qui peuvent se mettre à crier, à taper sur la table, à taper des mains ; dans cette démarche la personne n'est plus passive à l'agression mais actrice. Cela participe ainsi à la régulation de l'agression.
Enfin je vous cite une quatrième stratégie, l'auto-régulation. En réponse aux agents stresseurs, certains peuvent avoir besoin de faire du sport, d'allumer une cigarette, d'aller écouter de la musique, de boire un verre,... cela participe à "vider" la coupe avant qu'elle ne soit pleine. De manière plus discrète, d'autres peuvent mâchouiller leur stylo, toucher leur cheveux,... La personne autiste, de par son fonctionnement, va également avoir besoin de ces auto-régulations et ce, peut être de manière encore plus importante que pour les neurotypiques. A ceci près que dans l'apprentissage social, notamment à l'école, les neurotypiques apprennent, observent, adaptent des stratégies plus socialement "acceptables" pour limiter l'attention et les moqueries que des auto-regulations "inadaptées" susciteraient. Prenons un exemple, si vous avez déjà observé de jeunes enfants, vous les avez déjà sans doute vus faire des choses "bizarres", très classiquement la main sur les parties intimes. Il ne faut pas entendre ça comme une quelconque forme de sexualité imitée du monde des adultes, mais plutôt comme une sensation agréable qui participe à un état de bien être et donc de régulation. Pour autant, on va souvent interdire à l'enfant d'avoir ce geste notamment en publique car c'est inadapté, l'enfant va ainsi pouvoir intégrer les normes sociales.
Dans le fonctionnement autistique, l'apprentissage des normes sociales est particulièrement difficile, lié à la difficulté de ce qu'on nomme la "cognition sociale". C'est une fonction intellectuelle qui participe au développement de l'empathie, de l'expression et de la régulation émotionnelle entre autres. De fait, l'enfant autiste qui met en place des auto-régulations "socialement" inadaptées", va avoir des difficultés à comprendre l'aspect "inadapté" de ces stratégies. D'autre part, il sera en grande difficulté à pouvoir nommer son ressenti, celui qui génère ce besoin d'auto-régulation, l'ensemble aboutissant souvent à des incompréhensions mutuelles.
Voilà pour un bref panorama de ces stratégies de régulations, cette liste n'est pas exhaustive mais il me paraissait nécessaire, au travers des exemples, de vous faire sentir que ces stratégies ne sont pas spécifique au fonctionnement autistique. Les neurotypiques adoptent également ces stratégies, à la différence que dans un fonctionnement autistique, il peut y avoir un aspect plus impérieux, plus fréquent et pouvant apparaître comme "inadapté". Lorsque l'on accompagne des personnes de fonctionnement autistique notamment dans les services médico-sociaux, une partie de l'accompagnement vise à l'étayage de ces stratégie, comme par exemple ne pas taper des mains mais frotter ses jambes,...
En vous remerciant pour votre lecture.